Une seule et même dermatose : la rosacée
Couperose et rosacée, même combat ! La couperose n’est qu’un symptôme de la rosacée, c’est un des stades initiaux de cette dernière. A l’origine, c’est la même « dermatose », problématique de peau. Sans risque pour la santé, non contagieuse, elle touche la partie centrale du visage et est incommodante, car visible. Elle peut générer une souffrance psychologique du fait de l’esthétique du visage qui est touchée.
Les différents stades de la rosacée :
- Le 1er stade, la pré-rosacée, est l’érythrose caractérisée par :
- des rougeurs diffuses occasionelles, les « flushes », qui surviennent par poussées, parfois accompagnées de bouffées de chaleur, voire de sensations de brulures et d’une forte sensibilité de la peau. Elles font suite à la dilatation anormale de petits vaisseaux sanguins superficiels (que l’on appelle dans le domaine médical les télangiectasies), ceux-ci ne sont cependant pas visibles à ce stade ;
- situées au centre du visage : joues et nez, parfois front et menton, épargnant le contour des yeux et de la bouche.
- Le stade suivant, la « rosacée vasculaire » ou couperose, la forme la plus fréquente, correspond à la persistance de ces rougeurs, « érythèmes permanents », suite à la répétition des bouffées vasodilatatrices. La dilatation anormale des petits vaisseaux sanguins superficiels de la peau devient permanente et ceux-ci sont alors visibles à l’œil nu. La sensibilité de la peau est toujours exacerbée.
- La forme papulo-pustuleuse ou inflammatoire est le stade suivant de la rosacée, avec œdème générant de l’inflammation. Il y a alors apparition de papules/pustules ressemblant à des lésions d’acné (on l’appelle l’acné rosacée).
- Enfin le stade ultime, le rhynophyma, l’apanage du sexe masculin, caractérisé par une hypertrophie du nez, des surépaisseurs rouges, de type boursouflures localisées sur l’ensemble du nez, particulièrement inesthétiques.
- Le stade oculaire existe également avec rougeurs, irritations, voire brûlures au niveau des paupières et des yeux.
Quel que soit le stade ou la forme clinique de la rosacée, il y a toujours un certain degré d’inflammation.
Epidémiologie, fréquence de la rosacée ?
En France, selon les sources on parle de 2 à 6 millions de personnes touchées par la rosacée plus ou moins avancée, qui inclut généralement les 3 premiers stades (érythrose, couperose et rosacée inflammatoire avec papules, boutons).
Elle survient en général après 30 ans, avec un pic d’incidence à la ménopause, autour de 50 ans, principalement chez les femmes (2 à 3 fois plus que les hommes).
Les causes ne sont pas clairement tranchées par le corps médical, mais divers éléments apparaissent très régulièrement dans la littérature scientifique :
- un terrain génétique prédisposé, le phototype clair ou peau claire (on la surnomme d’ailleurs « la malédiction des celtes ») soumis à des variations climatiques importantes,
- une sensibilité cutanée particulièrement forte (sans altération de la barrière cutanée au début) avec un nombre élevé de terminaisons nerveuses,
- avec instabillité vasomotrice / anomalie vasculaire provoquant une vasodilatation trop forte,
- ainsi qu’une augmentation anormale de l’angiogénèse (création de petits vaisseaux en sur-nombre) avec fragilité accrue de ces vaisseaux superficiels,
- diminution du drainage veineux facial, mauvaise circulation sanguine,
- l’œdème résultant favoriserait la multiplication des acariens folliculaires (Demodex folliculorum, naturellement présent sur la peau, mais en faible quantité en temps normal)
- ce dernier, en excès, génère l’inflammation qui peut mener aux lésions papulo-pustuleuses, et entretient l’œdème, c’est un cercle vicieux.
Divers éléments déclenchants et aggravants ou amplificateurs ont été identifiés tels que :
- le stress émotionnel,
- les variations brutales de températures, l’exposition au froid et au vent,
- les épisodes fièvreux ou de sport intense qui échauffent le corps,
- l’exposition au soleil, au vent,
- une nature particulièrement calcaire de l’eau utilisée pour se laver le visage, très asséchante,
- l’alcool, la nourriture épicée, ou trop de boissons chaudes,
- la lumière bleu-violet HEV (Haute Energie Visible) émise par les écrans, les lumières artificielles et en partie la lumière du jour,
- et enfin la pollution atmosphérique qui exacerbe la sensibilité de peaux déjà fragiles et déjà inflammées.
B. CRIBIER résume ainsi : « la rosacée est une maladie de type inflammatoire à composante vasculaire principale, survenant généralement chez des personnes prédisposées à la peau claire. L’exposition solaire, les changements thermiques et autres facteurs externes participent au développement d’anomalies vasculaires : vaisseaux dilatés, perméation accrue des capillaires et œdème local. Ceci favorise la multiplication de l’acarien Demodex, générant de l’inflammation et des bactéries déclenchant les petits boutons d’acné rosacée avec apparition de papules pustules. »
Traitements médicaux
Pour savoir de façon claire si vous souffrez de rosacée, une visite chez votre médecin ou dermatologue est nécessaire.
Il faut ensuite s’attacher à éviter les déclencheurs, la crème solaire est ainsi une des 1ère préconisation de cette dermatose.
Au niveau médical, divers traitements sont proposés, soit médicamenteux soit instrumentaux.
Pour la rosacée vasculaire (les télangiectasies et la couperose), le laser est généralement le plus recommandé, notamment le ND Yag, afin de diminuer le nombre de terminaisons nerveuses, réduisant la sensibilité, et la densité vasculaire (le nombre de micro-vaisseaux sanguins). Généralement l’électrocoagulation s’adresse aux couperoses avancées, le laser à la couperose et l’érythrose et la lumière pulsée aux rougeurs diffuses, à l’érythrose donc.
Les traitements locaux réduisant l’érythème par une vaso-constriction cutanée (gel de brimonidine) sont parfois prescrits, malheureusement ils ont de nombreuses réactions secondaires possibles, restreignant leur prescription.
Dans le cas de la forme papulo-pustuleuse, des crèmes locales au métronidazole (antibiotique et anti-parasitaire) ou du peroxyde de benzoyle sont souvent prescrits associées à des antibiotiques voie orale type doxycycline ou encore la métronidazole en voie orale. Ces antibiotiques voie orale sont prescrits pour leurs propriétés anti-inflammatoires, anti-bactériennes et pour certains anti-acariens.
Le problème, tous ces traitements peuvent générer des effets secondaires assez désagréables et surtout sont photo-sensibilisants et empêchent d’aller au soleil sans une protection solaire forte et port du chapeau / casquette.
Conclusion
Couperose et rosacée, des soucis de peaux typiques des peaux claires et sensibles, qui sont amplifiés par les conditions météorologiques, par la pollution, l’alcool, les routines de soins utilisées…
Difficiles à gérer bien que non grave, de plus en plus de peaux y sont sujettes ces dernières années, nous le voyons au nombre de clientes qui s’en plaignent auprès de nous. C’est pourquoi nous avons développé un oléo-sérum spécifique peaux sensibles et rougeurs, actuellement en cours d’étude de tolérance et d’efficacité.
L’évolution de notre société hyper connectée (lumière bleue HEV), de plus en plus polluée, et soumise à un mode de vie stressant n’y est sans doute pas pour rien !
Nous vous donnons des pistes pour mieux vous occuper de votre peau sensible à rougeurs naturellement dans notre article « Routine de soin naturelle adaptée à la couperose et à la rosacée ».
Biblio :
Soc.fr.dermat. – Dr F.Trouche – 2019 – La couperose et la rosacée – Rev. med. suisse – 2016, 12 : 646-52 – Rosacée : où en sommes-nous ? – Le médecin du Québec – 2005, Vol 40 – A.Lovett ; J.Tousignant – La rosacée – Ann Dermatol Venereol. 2011 Sep:138 Suppl 2:S129-37. B.Cribier – Physiopathology of rosacea. Redness, telangiectasia and rosacea. Vidal – La rosacée, une peau sensible au quotidien – Thèse C.Bourdier – 2017