Pourquoi nos produits sont ils “sans eau” ?
La seule eau qui hydrate notre peau est celle que l’on boit !
Si tous les dermatologues insistent sur l’importance de l’hydratation cutanée en tant que facteur anti-âge, c’est que «l’hydratation cutanée est fondamentale à la fonction physiologique de barrière cutanée contre les agressions extérieures» (JP Marty).
De plus, hydratation et respect de la barrière cutanée sont essentielles pour limiter l’apparition des rides (1, 2).
(1) La peau : une interface par « excellence ». Pr. JP.Marty, Dr C.Laverdet. Dermoscopie n°6 – Mai 2007.
(2) Actualités cosmétiques dans le vieillissement cutané – A. Cohen-Letessier-Annales de dermatologie et vénéréologie, vol 136 n° S6-Oct 2009.
De manière simplifiée, c’est le derme qui hydrate l’épiderme par diffusion d’eau. Boire est donc le premier geste indispensable à une bonne hydratation de la peau. L‘épiderme lui, assure l’hydratation cutanée en retenant l’eau à la fois en profondeur, grâce à la couche cornée, et en surface, grâce au film hydrolipidique.
L’hydratation cutanée n’est donc possible que grâce aux lipides spécifiques, qui garantissent l’anti-déshydratation et à l’eau « interne ». En cas de carence en lipides, la peau peut devenir sèche, rugueuse, la barrière protectrice n’est plus étanche.
Pour mieux comprendre détaillons peu :
L’hydratation est très irrégulière selon les couches constituant la peau. Le derme contient environ 80% d’eau et en remontant vers l’épiderme la teneur en eau diminue. Elle est voisine de 60% au niveau de la couche basale pour n’être plus que de 10-15% environ en surface, au niveau de la couche cornée (3, 4).
Si c’est le derme qui hydrate l’épiderme, par diffusion, et non l’inverse, c’est la couche cornée et le film hydrolipidique la recouvrant, qui rendent la peau imperméable et limitent l’évaporation (PIE : perte insensible en eau), garantissant une bonne hydratation cutanée.
(3) Thèse en pharmacie Université de Nancy 1- 2008. A. Georgel
(4) Leaflet Peau et galénique Sept 2013. Fondation Dermatite atopique
La couche cornée est souvent comparée à un mur, les 20 couches de cornéocytes* disposés en écailles étant les briques liées entre elles par le ciment lipidique intercellulaire.
Les 3 éléments clé entrant en jeu dans l’hydratation cutanée sont parfaitement explicités par JP Marty (1) :
- Le ciment lipidique intercellulaire qui limite la perte insensible en eau ou PIE : aspect dynamique de l’hydratation cutanée.
- Les facteurs naturels d’hydratation (NMF) qui assurent la captation et le maintien des 10 à 15% d’eau en surface : aspect statique de l’hydratation cutanée.
- Le film hydrolipidique qui maintient le pH physiologique et protège contre les agressions quotidiennes
LE CIMENT LIPIDIQUE INTERCELLULAIRE
« LA BARRIÈRE PROTECTRICE »
Il lie les cornéocytes entre eux, assurant l’imperméabilité de la couche cornée et limitant la perte insensible en eau. Il est synthétisé par les kératinocytes* au cours de leur maturation depuis la couche basale jusqu’à la couche cornée et par la sécrétion des glandes sébacées. Le rôle du ciment lipidique est donc protecteur, hydro-rétenteur ou anti-déshydratation, avec une importance toute particulière pour les céramides, lipides polaires majoritairement présents.
Il est le ciment du mur protecteur qu’est la peau. Nous parlons donc ici de l’aspect dynamique de l’hydratation cutanée, lié à la perméabilité très partielle de la couche cornée et à son rôle de barrière lipidique.
* Cornéocytes : cellules mortes et aplaties qui sont éliminées par desquamation, c’est le renouvellement superficiel de la peau. Ce sont les cellules provenant de la maturation des kératinocytes, qui changent de nom au niveau de la couche cornée.
* Kératinocytes : cellules constitutives majoritaires de l’épiderme (80%), elles naissent dans la 1ère sous-couche, la couche basale, et se renouvellent en permanence selon un cycle de 21 à 28 jours. Ils se différencient progressivement et au cours de leur maturation, libèrent des NMF (facteurs d’hydratation naturels) et des lipides épidermiques.
LES NMF OU FACTEURS D’HYDRATATION NATURELS
Ils garantissent l’hydratation cutanée sous son aspect “statique” cette fois. Substances hydrosolubles et très hygroscopiques, ces NMF attirent et retiennent l’eau qui se fixe sur eux. Ils sont eux aussi synthétisés par les kératinocytes au cours de leur différenciation/maturation. Finalement “stockés” dans les cornéocytes, au niveau de la couche cornée, ils y retiennent l’eau. Présents également dans le film hydrolipidique où ils sont déversés, ils garantissent l’hydratation superficielle de la peau en y retenant l’eau en surface.
On y trouve des acides aminés, de l’acide lactique, de l’urée, des sucres et de l’acide pyrrolidone carboxylique (PCA).
“NMF et cosmétologie de l’hydratation cutanée”. Ann. dermatol. Venereol. 2002 Jan; 129 : 131-6 – Marty J.P.
LE FILM HYDRO-LIPIDIQUE
RECOUVRANT LA COUCHE CORNÉE
C’est une émulsion eau dans huile, donc majoritairement grasse. La sueur en est la phase aqueuse, le sébum la phase grasse.
Ce film, au pH légèrement acide (<6) adapté pour protéger la peau de la pénétration de bactéries et champignons, est l’ultime barrière face à la déshydratation. Les NMF s’y trouvant gardent l’eau par hygroscopie/captation.
Il est cependant fortement et directement soumis aux agressions extérieures (vent, froid, UVs) et au nettoyage trop alcalin ou trop appuyé, notamment les NMF qui sont solubles dans l’eau. Il faut alors l’aider à se reconstituer pour conserver à la peau sa protection naturelle, son hydratation et son aspect sain.
Ces 3 éléments sont garants d’une hydratation cutanée de qualité.
Ainsi, hydrater la peau c’est éviter sa déshydratation grâce aux lipides épidermiques et maintenir la qualité de ses composants hydratants naturels (NMF).
On assurera ainsi efficacement le rôle de barrière de la peau.